Overall Chronology

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Highlight
La guerre de Gaza de mai 2021
Face à de nouveaux défis, les vieilles recettes d'Israël

Entre fin avril et début mai 2021, plusieurs événements se ont convergé pour créer une nouvelle dynamique politico-stratégique israélo-palestinienne : la décision de Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, annoncée le 29 avril, et reportant sine die les élections du Conseil législatif palestinien, les agissements de la police israélienne contre les fidèles palestiniens à la mosquée Al-Aqsa pendant le mois du ramadan et les nouvelles menaces israéliennes d'expulser les familles palestiniennes vivant dans le quartier de Shaykh Jarrah près de la vieille ville de Jérusalem. Le 10 mai, dernier jour du ramadan, des Israéliens d'extrême droite commémorent l'occupation de Jérusalem-est en 1967, en organisant des manifestations au cours desquelles des dizaines de Palestiniens sont blessés dans des affrontements avec la police dans l'enceinte du Haram Sharif. Le même jour, Hamas lance un ultimatum à Israël pour qu'il retire ses troupes, sa police et ses colons du Haram et du quartier Sheikh Jarrah avant 18 heures. À l'expiration du délai, le Hamas et d'autres forces de résistance basées à Gaza lancent l’opération « Epée de Jérusalem » avec un barrage de 150 roquettes sur le territoire israélien, dont six en direction de Jérusalem. C’est la première fois que la ville est prise pour cible depuis le conflit de 2014. La riposte israélienne, baptisée « Gardien des murailles », commence dans la soirée par des frappes aériennes sur des positions du Hamas, dont un tunnel d'attaque. Selon le ministère de la Santé palestinien, 20 civils, dont 9 enfants, sont tués dans cette opération.  

Opérations Épée de Jérusalem / Gardien des murailles 

Au cours des onze jours d'affrontement qui ont suivi, un schéma de base s'est mis en place : frappes aériennes israéliennes et lancement de roquettes du côté du Hamas, entrecoupés d’attaques terrestres et navales. Le 11 mai, le Hamas tire 711 roquettes et obus de mortiers sur Israël, soit le plus grand nombre de tirs en une seule journée dans l'histoire du conflit. Israël riposte par des frappes intensives, démolissant la tour Hanandi de 13 étages à Gaza-ville (supposée abriter de hauts responsables du renseignement militaire du Hamas) et le quartier général de la police. Le 12 mai, les frappes aériennes israéliennes détruisent deux immeubles de plusieurs étages dans la ville de Gaza, les tours Al-Shorouq et Al-Jawhara, qui abritaient le gouvernement palestinien et des organismes de presse (Israël a affirmé qu'il s’agissait du quartier général militaire du Hamas et des bureaux de renseignements). Le Hamas réagit en tirant des dizaines de roquettes sur Israël, ainsi qu'un missile guidé antichar qui tue un soldat israélien, et, dans le premier incident de ce type, le système antimissile Dôme de fer aurait intercepté un drone du Hamas qui a pénétré le territoire israélien. 

Le 13 mai, Israël affirme avoir frappé plus de 600 cibles en divers endroits de la Bande de Gaza, abattu un drone visant la plate-forme énergétique offshore Tamar et déjoué sept attaques de missiles antichars. Le 14 mai vers midi, un tweet de l'armée israélienne annonce le début d'une offensive terrestre. Cela faisait partie d'un plan visant à amener les combattants du Hamas à sortir de leurs abris souterrains en prévision de cette offensive, après quoi ils seraient éliminés par une frappe aérienne massive. Le Hamas réagit prudemment, n'engageant qu'un nombre limité de combattants dans les tunnels, et quelque 12 escadrons de l'armée de l'air israélienne comprenant 160 avions frappent plus de 150 cibles souterraines dans le nord de la bande de Gaza, mais n'enregistrent aucun succès significatif. Lors d'autres attaques, Israël détruit une branche de la Banque nationale islamique qui, selon Israël, gère les finances du Hamas. 

Le 15 mai, une frappe aérienne israélienne détruit la tour Al-Jalaa à Gaza-ville, qui abritait un certain nombre d'organismes de presse, dont l'Associated Press et Al Jazeera. L'attaque suscite une large condamnation internationale ; le secrétaire d'État américain Antony Blinken ne confirme pas les affirmations d'Israël selon lesquelles le bâtiment abritait une unité de guerre électronique du Hamas. Par ailleurs, le 16 mai, une frappe aérienne israélienne sur un réseau présumé de tunnels dans le quartier Al-Rimal dans la ville de Gaza entraine la mort de 42 civils et la démolition de plusieurs bâtiments. 

La deuxième semaine de la guerre commence le 17 mai, alors que l’Égypte s'efforçait de négocier un accord de cessez-le-feu. Pour la première fois depuis le début des combats, six roquettes sont tirées vers Israël depuis le Liban, mais toutes tombent en territoire libanais et sont attribuées par des sources israéliennes à une petite faction palestinienne et non au Hezbollah. L'armée de l'air israélienne largue cette nuit-là plus de 100 bombes de précision sur quelque 16 kilomètres de tunnels en 20 minutes environ. Ailleurs, la marine israélienne aurait déjoué une attaque navale du Hamas dans le nord de la bande de Gaza, détruisant un submersible. 

La bataille entre l'aviation israélienne et les roquettes de la résistance se poursuit les deux jours suivants. Le 18 mai, le Hamas lance des roquettes sur six bases de l'armée de l'air israélienne dans le sud et le centre d'Israël ; aucun blessé ni dégât n'est signalé. Israël affirme avoir détruit 9 miles supplémentaires de tunnels pendant la nuit, en larguant plus de 100 bombes guidées sur environ 65 cibles en l'espace de 30 minutes. Le 19 mai, l'armée israélienne entreprend une nouvelle phase d'attaques des tunnels, larguant 122 bombes guidés sur environ 40 cibles militaires sur au moins 10 kilomètres de tunnels, le tout en l'espace de 25 minutes. Pendant ce temps, quatre autres roquettes sont tirées du Liban vers Haïfa, dont une interceptée par le Dôme de fer ; les responsables de la sécurité israélienne suggèrent, une fois de plus que c’est une faction palestinienne, et non le Hezbollah, qui les a tirées. 

Le 20 mai, dernier jour du conflit, les forces palestiniennes tirent 420 roquettes sur Israël, soit le deuxième plus grand nombre en une seule journée depuis le début des combats. Les forces israéliennes frappent les résidences de hauts responsables du Hamas, et des combattants du Hamas tirent un missile antichar sur un bus militaire au nord de la bande de Gaza, quelques minutes après la sortie de dix soldats israéliens du véhicule. Les combats prennent fin le 21 mai, après l’acceptation par le Hamas et Israël d’un cessez-le-feu à partir de 2 heures du matin, accord négocié par l'Égypte, le Qatar et les Nations Unies,  

Coûts de la guerre 

Le 21 mai, le ministère de la Santé à Gaza rapporte que 248 habitants de la bande de Gaza ont été tués, dont 66 enfants, 39 femmes et 17 personnes âgées, et que 1 948 personnes ont été blessées. Le 27 mai, le chef du Hamas, Yahya Sinwar, déclare que 57 combattants du Hamas, 22 du Jihad islamique (JI) et un membre d'un petit groupe, Comités de la résistance populaire, ont été tués au cours des combats. Les responsables du Hamas ont par la suite estimé que les pertes économiques de Gaza étaient de 479 millions de dollars et, selon un rapport de la Banque mondiale publié peu après la guerre, Gaza aurait subi 380 millions de dollars de dégâts matériels et 190 millions de dollars de pertes économiques. Selon l’ONU, quelque 1 000 bâtiments, dont quatre tours, ont été totalement détruits (1 500 selon le Hamas auxquels s'ajoutent 56 000 bâtiments endommagés). Les besoins les plus urgent étaient de fournir une assistance à environ 45 000 personnes (dont 7 000 enfants) et d’aider à la reconstruction de plus de 4 000 habitations détruites ou partiellement endommagées. À la mi-2021, l'UNICEF estime que la moitié du réseau d'eau est endommagé et que près de 800 000 personnes n'ont pas accès à l'eau courante car les puits et réservoirs d'eau souterraine, les usines de dessalement et de traitement des eaux usées, les réseaux de distribution d'eau et les stations de pompage ont tous subi d’importants dommages. Pour la première fois, l'Égypte s'engage dans un programme de reconstruction de 500 millions de dollars dans trois cités résidentielles, comprenant quelque 4 000 appartements, marquant ainsi son rôle croissant dans la « stabilisation » de Gaza et son souci d’y maintenir son influence politique.  

Onze civils israéliens ont été tués par des tirs de roquettes et d’obus de mortiers et 330 auraient été blessés, la plupart sans gravité ; de nombreuses crises d'angoisse ont été signalées. Un soldat israélien a été tué. Les tirs de roquettes du Hamas ont sévèrement perturbé la vie quotidienne des habitants jusqu’à Netanya au nord et Eilat au sud, tandis que les villes "mixtes" d'Israël ont été le théâtre de manifestations sans précédent de la part des citoyens palestiniens d'Israël et de violences de rue entre Arabes et Juifs. Israël a affirmé avoir tué une cinquantaine de hauts responsables du Hamas et du Jihad islamique, ainsi qu'environ 200 combattants. Il a également affirmé avoir détruit plus de 1 500 cibles, dont une centaine de kilomètres du système de tunnels (le "métro") dans la ville de Gaza, à Rafah et à Khan Younès. En outre, ont été attaqués les capacités de fabrication d'armes et de préparation militaire de la résistance, ses centres de recherche et de développement, des dizaines de bureaux administratifs, 11 bâtiments et 5 banques. 

Analyse

Le Hamas

Le conflit de mai 2021 se distingue par le fait qu'il a été initié par le Hamas avec un objectif politique clair, et cela pour la première fois depuis sa prise de contrôle de Gaza en 2007. Il a cherché à tirer parti de la décision très impopulaire du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, de reporter sine die les élections du Conseil législatif palestinien, et de la montée des tensions religieuses et politiques entre Palestiniens et Israéliens à Jérusalem. Il a voulu se positionner comme le principal défenseur des droits des Palestiniens, alors que l'Autorité palestinienne et son bras « traditionnel », le Fatah, étaient tous deux jugés en collusion directe ou indirecte avec Israël. « Epée de Jérusalem » n'était pas seulement un défi lancé à Israël, mais aussi une tentative de transformer le Hamas en principal acteur politique palestinien, auréolé d'une large légitimité politique tirée de sa volonté d'affronter Israël, comme l’était le Fatah dans le passé. 

Le Hamas semble avoir pensé (a) qu'Israël s'abstiendrait de lancer une offensive terrestre totale, (b) qu'il pourrait, lui, absorber les contre-attaques israéliennes et (c) qu'il serait mieux placé à la fin des hostilités pour poser ses exigences immédiates centrées sur Gaza et poursuivre ses objectifs politico-stratégiques plus larges aux dépens de l'Autorité palestinienne/ Fatah. Sur le plan opérationnel et malgré la campagne aérienne intensive d'Israël, les deux premières hypothèses du Hamas semblent avoir été largement confirmées par le cours des événements. Comme lors des conflits précédents, le Hamas et les factions de la résistance ont démontré leur capacité à maintenir un rythme régulier de tirs de roquettes tout au long des 11 jours de combat ; ils ont tiré en moyenne entre 300 et 450 roquettes par jour malgré les bombardements israéliens, ce qui représente une augmentation de 50 à 100 % par rapport au nombre de tirs dans la guerre de 2014. En outre, près de deux fois plus de roquettes ont été lancées sur des villes éloignées telles que Tel Aviv et Jérusalem (environ une sur six). Ce qui implique que le Hamas dispose d’un plus grand nombre de roquettes à longue portée, pouvant atteindre le port israélien d'Eilat sur la mer Rouge (à près de 200 kilomètres), à savoir les Ayyash-250 d'une portée de 250 kilomètres. Les rapports occidentaux confirment que le Hamas et le Jihad islamique n'ont pas visé exclusivement des cibles civiles ; ils ont tiré des roquettes sur au moins six bases aériennes israéliennes, ainsi que sur des plates-formes pétrolières offshore. Ces tirs ont provoqué des incendies dans une centrale électrique, un dépôt de pétrole à Ashqelon et dans l'oléoduc Ashdod-Eilat, et ont interrompu le trafic aérien dans plusieurs aéroports israéliens. Le Hamas a contré le système Dôme de fer en tirant des salves coordonnées allant jusqu’à 50 roquettes, saturant ainsi les batteries du Dôme avec plus de cibles qu'elles ne peuvent atteindre simultanément. De nouveaux systèmes de lanceurs de roquettes multiples, regroupant 6, 9 ou 12 unités, avaient été conçus pour réaliser ces salves, les lancements à faible trajectoire étant également destinés à réduire les chances d'interception. 

Le déploiement par le Hamas de plusieurs systèmes de combat sans pilote constitue une évolution notable. L'un d'entre eux, le drone d'attaque Shihab, semble être une copie du HESA Ababil-2 iranien construite à Gaza, bien que des sources israéliennes affirment qu’il n'a eu que peu d'effet. Certaines roquettes du Hamas ont pu être interceptées par des missiles Tamir (Dôme de fer) qui auraient été installés sur des corvettes de classe Sa'ar-5/6 de la marine israélienne. L'utilisation par le Hamas de missiles antichars semble également avoir eu un effet limité, mais les affrontements terrestres ont aussi été peu nombreux. Le Hamas a déployé de nouveaux moyens navals (submersibles télécommandés) et a fait preuve de capacités avancées de guerre du renseignement électronique et de guerre cybernétique. 

Après l'annonce du cessez-le-feu, de hauts responsables israéliens ont affirmé que le Hamas possédait encore quelque 8 000 roquettes, ce qui laisse supposer que les frappes israéliennes n'ont pas atteint leur objectif. Les lanceurs ont souvent tiré en étant dissimulés dans des espaces couverts, notamment des tunnels et des garages, ce qui les rendaient rarement détectables avant le lancement. Vers la fin de l'année 2021, des sources israéliennes estimaient que le Hamas allait mettre au point de nouvelles techniques opérationnelles grâce aux enseignements tirés de l’opération « Gardien des murailles ». Elles estimaient aussi qu’il allait renouer avec d'anciens modes d'attaque en s'entraînant à l'infiltration en territoire israélien et en trouvant les moyens de franchir le mur d'acier de 75 kilomètres de long érigé par Israël autour de la bande de Gaza ; et qu’il investirait dans des domaines tels que la cyberguerre, les nouveaux véhicules aériens sans pilote et les drones d'attaque, ainsi que dans diverses armes navales et antichars. 

Le succès du Hamas dans la conservation de ses effectifs et de ses ressources militaires ne s'est toutefois pas traduit par un gain stratégique clair ou par une transformation décisive de son statut politique. L'accroissement immédiat de sa popularité auprès des Palestiniens n’a pas longtemps duré à cause de l'impasse qui a suivi en ce qui concerne les conditions de la reconstruction de Gaza, l'échange de prisonniers avec Israël et un allègement significatif du siège, et cela indépendamment de la décision ultérieure d'Israël d'autoriser davantage de travailleurs de Gaza à entrer en Israël. En conséquence, les points marqués par le Hamas contre l'Autorité palestinienne/ Fatah n’en ont pas fait un interlocuteur politique crédible ou un pôle alternatif, malgré l'amélioration de ses relations avec l'Égypte et un effort international renouvelé pour stabiliser la situation économique dans la bande de Gaza. En bref, la situation générale sur le front Gaza/ Israël est restée à peu près la même depuis la guerre de 2008/9 - une impasse avec peu de changement dans la capacité du Hamas à modifier le statu quo. 

Israël

Israël a été largement pris par surprise par l'initiative du Hamas et semble avoir mal évalué la volonté de ses dirigeants d'agir pour défendre Jérusalem et pour des objectifs politico-stratégiques. Dans la forme, cependant, l'approche d'Israël a été plus proche de celle de 2012 (Opération « Pilier de défense ») que de celle de 2008/9 (Opération « Plomb durci ») ou de 2014 (Opération « Bordure protectrice »), dans la mesure où il s'agissait principalement d'un échange de frappes aériennes et de roquettes, avec une action terrestre ou maritime limitée. Israël semble avoir fait un effort particulier pour anéantir les cadres supérieurs et les techniciens du Hamas et du Jihad islamique, ainsi que pour détruire « le métro ». Cependant, malgré les affirmations contraires d'Israël, la campagne anti-tunnel semble également ne pas avoir répondu à ses attentes. Selon le chef du Hamas, Yahya Sinwar, les tunnels s'étendent sur 500 kilomètres et sont restés intacts à 95 % après la guerre. 

La guerre de Gaza a une fois de plus attiré l'attention sur l'interaction entre l'information (et les médias sociaux) et la dimension éthique de la guerre moderne. Après la guerre, la Cour pénale internationale lança une enquête sur d'éventuels crimes de guerre commis par le Hamas et Israël, y compris la possibilité de l’usage d'une force disproportionnée de la part d'Israël et de tirs de roquettes aveugles de la part du Hamas. Quoi qu'il en soit, l'un des aspects révélateurs du conflit de Gaza a été le décalage stratégique entre les objectifs purement militaires et opérationnels d'Israël, qui visait à réduire les capacités militaires du Hamas, et les objectifs stratégiques du Hamas, fondés sur la communication, qui visaient à délégitimer la campagne d'Israël dans l'opinion mondiale et à compromettre ainsi les avantages opérationnels de l'armée israélienne. Le grave faux pas d'Israël en s’attaquant à la presse internationale dans la tour Al-Jalaa, ainsi que son recours à une publication sur Twitter comme ruse de guerre, ont joué un rôle important dans l'affaiblissement de sa crédibilité internationale et de sa campagne d'information. Israël reste en permanence désavantagé dans le domaine moral/psychologique, car si le Hamas est une organisation « terroriste » comme le prétend Israël, on ne peut que s'attendre à ce qu'il se livre à des actes de terreur et non à ce qu'il se comporte comme un État civilisé (ce qu'Israël prétend être). Se plaindre du "terrorisme" du Hamas n'a donc que peu d'écho, en particulier en raison du déséquilibre du rapport des forces et du coût humain et matériel qui en résulte. Autre paradoxe, plus les défenses d'Israël sont efficaces, moins il peut revendiquer le statut de victime. 

Dans le cadre de ce qui apparaît comme un processus d'expérimentation cyclique de l'utilisation de la force, Israël semble avoir ravivé sa confiance dans sa puissance aérienne au cours de la confrontation de mai 2021. L'une des raisons fondamentales en est le développement des techniques de surveillance et de ciblage du renseignement électronique, ainsi qu'une confiance croissante dans la capacité du Dôme de fer et des systèmes associés à atténuer les pires effets des tirs de mortier et de roquettes, évitant ainsi la nécessité d'une attaque terrestre à grande échelle. À cet égard, l'opération « Gardien des murailles » a révélé quelques développements militaires significatifs du côté israélien. Des sources israéliennes ont noté que l'armée a déployé pour la première fois à grande échelle des moyens d'intelligence artificielle pour localiser et attaquer ses cibles, en utilisant des drones et d'autres véhicules aériens de combat se dirigeant de manière autonome, annonçant une nouvelle ère de la guerre robotisée. Des défenses laser antimissiles ont également été déployées pour la première fois, ce qui pourrait réduire considérablement le coût et le temps de réaction aux tirs de la résistance et permettre d'interdire les tirs de mortier et de roquettes, ce qui était jusqu'alors difficile. La perspective d'une défense au laser beaucoup plus rentable pourrait s'avérer l'un des défis technologiques les plus importants auxquels les forces de résistance palestiniennes devront faire face dans un avenir proche. 

Les nouvelles technologies de combat israéliennes ont également permis le développement de forces spéciales très avancées, constituées d'« unités fantômes » armées d'équipements de détection, de commandement et de contrôle les plus récents (bien qu'il ne soit pas certain que ces forces aient été effectivement testées au combat en mai 2021). Encore plus important a été le développement d'une vision intégrée de la bataille air-terre-mer grâce à laquelle toutes les unités auraient un accès instantané aux informations vitales du champ de bataille et seraient donc en mesure de réagir avec une rapidité sans précédent et de façon efficace à l'évolution de la situation sur le champ de bataille. 

Un régime entièrement intégré et en « terrain ouvert », renforcé par le blindage, l'intelligence artificielle, les capacités des drones et de la robotique, et un armement militaire disponible, peut rendre Israël encore plus tenté de recourir à une guerre terrestre totale à l'avenir. Alors qu'Israël cherche à avoir une vue d'ensemble de la surface (air, terre, mer), la résistance est susceptible de s'enfoncer davantage sous terre (et sous la mer) et de se mêler plus profondément à la population civile. En l'absence d'espace de manœuvre « en surface », le sous-sol peut être le seul espace relativement libre dont dispose la résistance pour se préparer à la contre-attaque. Il est également probable que cela pousse la résistance à se concentrer davantage sur les vulnérabilités d'Israël et à cibler les sites économiques et civils sensibles, à chercher à développer un armement de précision afin d'économiser ses ressources et de rationaliser ses stratégies de ciblage, à travers des efforts plus importants pour frapper des cibles militaires en s'appuyant davantage sur les capacités de « perturbation qualitative » du Hamas comme antidote au pouvoir de « destruction quantitative » d'Israël, tel qu'il s'est manifesté dans les différents cycles depuis 2008/9. 

À mesure que la résistance s'enfonce dans la clandestinité (sans pour autant abandonner complètement la « surface »), les Israéliens chercheront probablement à bombarder la bande de Gaza plus en profondeur et à développer de nouveaux moyens de guerre souterraine. Entre-temps, la recherche par Israël d'une vision parfaite de la bataille fondée sur le renseignement, où chaque position ennemie serait connue et chaque mouvement hostile anticipé, pourrait l'inciter à envisager, une fois de plus, la perspective d'une guerre rapide entraînant pour lui un coût relativement faible. Il pourrait s'agir de la prochaine phase de la longue bataille pour Gaza. 

Un effet secondaire notable de la guerre de Gaza a été l'émergence de la perception d'une nouvelle menace chez les Israéliens, conséquence de ce qu'on a appelé « Intifada de l'unité » au cours de laquelle les citoyens palestiniens d'Israël et les Palestiniens des territoires occupés en 1967 ont protesté en mai 2021 contre les opérations israéliennes à Gaza. Les protestations et les violents affrontements dans les villes arabo-juives mixtes ont fait naître chez les Israéliens l'idée qu'une menace interne potentielle pouvait être aussi importante que les menaces externes et entraver le mouvement et le déploiement des troupes cherchant à faire face à une menace externe telle qu'une guerre sur les fronts nord ou sud. Cela ajoute une nouvelle dimension, jusqu’à présent relativement peu reconnue, au débat sur la sécurité d’Israël, non seulement en ce qui concerne la menace supposée de la population arabe, mais aussi la nécessité d'une doctrine plus complète qui englobe l'ensemble des niveaux de contrôle exercés par l'État sur la population et les moyens de les mettre en œuvre. 

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E.g., 2024/11/24
E.g., 2024/11/24

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